par Averi Winn, Stagiaire d’Été Loran
Au Canada, les jeunes participent largement à la réforme du droit, même s’iels n’en ont pas conscience ! Grâce à leur militantisme, les jeunes peuvent influencer les législateur.rice.s de plusieurs façons, et c’est ce qu’iels font. J’ai commencé mon travail de réforme du droit en matière de changement climatique à 16 ans. À l’époque, je n’avais même pas conscience de participer à la réforme du droit, mais les actions que j’ai menées avec d’autres jeunes de ma communauté ont eu une influence profonde sur le monde qui nous entoure.
En tant que militante pour le climat et réformatrice du droit, j’ai organisé plusieurs événements et campagnes dans ma communauté. Cela impliquait de travailler avec des étudiant.e.s et des professeur.e.s de plusieurs écoles et de discuter avec différent.e.s organisations et politicien.ne.s. Alors, comment une jeune fille de 16 ans pratique-t-elle la réforme du droit ?
Ma principale méthode de militantisme, qui m’a introduite à la réforme du droit, était l’organisation de rassemblements pour le climat. J’ai été initialement inspirée à agir par le mouvement Fridays for Future, qui était une invitation ouverte aux jeunes du monde entier à s’engager dans l’activisme climatique. Le mouvement a été lancé en 2018 et a suscité un engouement chez les étudiant.e.s du monde entier. Des milliers d’étudiant.e.s ont quitté l’école les vendredis pour se rendre au bureau de leurs élu.e.s afin de leur demander d’agir pour protéger l’environnement et sauver notre avenir. L’impact de ce mouvement a été ressenti partout au Canada, y compris en Nouvelle-Écosse où je vivais à l’époque. J’ai ressenti un fort désir d’agir et j’ai commencé à planifier mon premier rassemblement.
J’ai commencé par la sensibilisation. Qui d’autres étaient intéressé.e.s par l’organisation de rassemblements et quelles ressources étaient à ma disposition ? Pour plusieurs jeunes militant.e.s, l’école est une ressource essentielle pour l’organisation et la sensibilisation. Le soutien de l’administration scolaire, qui cherche à aider les jeunes à grandir et à développer leurs passions et leurs compétences, est essentiel à leur engagement dans leur communauté. J’ai travaillé avec l’administration de mon école et d’autres étudiant.e.s pour établir une liste de contacts.
Après avoir rassemblé un groupe de membres de la communauté issu.e.s d’horizons divers, nous avons pu commencer à planifier. Quel était l’objectif des rassemblements ? À qui s’adressait le message des rassemblements ? Quelles activités voulions-nous organiser ou quelles déclarations voulions-nous faire pendant le rassemblement ? Ce sont des questions essentielles à poser et les réponses diffèrent pour chaque rassemblement. Nos rassemblements avaient souvent pour but d’exprimer notre inquiétude au gouvernement fédéral concernant son manque d’action face à la crise climatique, notamment en demandant plus de financement pour les organisations environnementales, la production d’énergies vertes et des formations de transition pour les personnes travaillant dans l’industrie pétrolière, gazière, minière et forestière. Nous avons organisé des activités qui, selon nous, pouvaient marquer les esprits. Il y a de nombreuses questions cruciales à aborder en matière d’activisme climatique ; il était important d’avoir une position et un message clairs à partager avec le public pour promouvoir l’événement et obtenir un soutien.
La sensibilisation de la communauté et le réseautage sont deux étapes essentielles de l’activisme et de la réforme du droit. Grâce à mes efforts de sensibilisation, j’ai pu déterminer qui étaient les acteur.rice.s politiques pertinent.e.s dans ma communauté et quelle était la meilleure façon de les approcher. J’ai donc envoyé un courriel au nom de notre groupe à la députée de l’époque, Lenore Zann, lui demandant une entrevue au sujet de sa position en matière d’action climatique.
En route pour l’un des rassemblements, d’autres jeunes manifestant.e.s et moi-même nous sommes arrêté.e.s à son bureau pour lui parler. Mme Zann et un membre de son personnel nous ont chaleureusement accueilli.e.s à l’entrée, où nous avons pu bavarder et engager une petite conversation avant que Mme Zann ne nous conduise à la salle de réunion. Elle nous a posé des questions sur le “club environnement” de notre école, sur les personnes impliquées et sur nos motivations. Nous avons eu une conversation très productive, respectueuse et instructive. Mme Zann voulait savoir ce que nous jugions important pour un gouvernement fédéral soucieux de l’environnement et était prête à entendre ce que nous avions à dire. Elle a expliqué l’importance d’atteindre les élu.e.s : plus les habitant.e.s de la circonscription d’un.e député.e s’expriment sur une question donnée, plus l’élu.e dispose de soutien pour se lever à l’assemblée législative et parler de la question au nom de ses électeur.rice.s. Par la suite, nous lui avons remis une lettre au nom du “club environnement” de mon école, demandant au gouvernement fédéral de prendre des mesures pour protéger notre environnement. Quelques semaines plus tard, Mme Zann a présenté une version fédérale d’un projet de loi qu’elle avait déjà fait adopter à l’assemblée législative de la Nouvelle-Écosse. Il s’agissait d’un projet de loi d’initiative parlementaire (initialement présenté sous le nom de projet de loi C-230) intitulé « Loi concernant l’élaboration d’une stratégie nationale visant à évaluer et prévenir le racisme environnemental ainsi qu’à s’y attaquer et à faire progresser la justice environnementale ». Malheureusement, le gouvernement a déclenché des élections avant que le projet de loi puisse devenir loi. Heureusement, après les élections fédérales de 2021, la députée Elizabeth May a réintroduit le projet de loi C-226, et on prévoit maintenant qu’un nombre suffisant de député.e.s voteront en faveur du projet de loi pour qu’il puisse éventuellement être adopté. Si tel est le cas, le projet de loi obligera le ministre de l’Environnement à consulter divers organismes intéressés afin d’élaborer une stratégie d’action nationale pour lutter contre le racisme environnemental. Le projet de loi C-226 aidera à fournir un soutien aux communautés et aux groupes touchés de façon disproportionnée par la crise climatique, incluant les personnes appartenant à des groupes minoritaires et les peuples autochtones.
Les décisionnaires doivent considérer les jeunes comme des voix et des contributeur.rice.s précieux.euses dans les discussions relatives à la réforme du droit et à la politique. Une idée fausse et répandue veut que les politicien.ne.s n’écoutent pas les jeunes parce que nous sommes trop jeunes ; nous sommes trop jeunes pour voter et trop jeunes pour avoir des connaissances tangibles qui mènent à la prise de décision politique, à l’influence et au pouvoir. Cette mentalité est erronée. Les jeunes disposent d’un pouvoir politique considérable qu’iels peuvent exercer grâce à leur capacité à communiquer les un.e.s avec les autres et à acquérir et diffuser des connaissances comme aucune génération ne l’a fait auparavant. Grâce à ces compétences, nous pouvons communiquer collectivement avec les décisionnaires pour les obliger à agir. Nous avons besoin de plus de jeunes présent.e.s lorsque des décisions sont prises sur la réforme du droit de l’environnement car, ultimement, ces discussions concernent notre avenir ; en tant que jeunes, directement touché.e.s par les enjeux les plus importants, il est certain que nous apporterons chaque fois une perspective essentielle à la table.